Deux continents, celui de la culture savante des lettrés d’une part, celui des traditions orales des illettrés d’autre part, forment un couple antagoniste à partir duquel se déclinent bien d’autres « paires » : science spéculative/pratiques de la main ; arts libéraux/arts mécaniques ; ville/campagne ; aristocratie/paysannerie ; hommes/femmes.
Schématiquement, leur ancrage respectif est l’université (les écoles…) et l’atelier (le foyer, la ferme…). Nous avons affaire à deux canaux de transmission bien distincts, avec des rapports à la connaissance complémentaires, parfois conflictuels, et qui nous informent sur l’histoire du savoir
dans toute sa complexité et ses infinies nuances.
Les bûchers qui s’allument à partir du moment précis où ces antagonismes entrent en conflit témoignent de l’âpreté du combat entre science et magie, des grandes peurs aussi qu’engendrent les découvertes scientifiques, enfin, la douloureuse quête d’un réajustement dont nous n’avons toujours pas fini d’écrire l’histoire.